« Tu veux sortir ? », « Va chercher ton jouet ! », « Lâche cette chaussette immédiatement », « Non, pas cette flaque ! »… Nos chiens semblent souvent capter l’essentiel. Mais combien de mots comprennent-ils réellement ? Et ont-ils tous le potentiel d’être des petits génies de la linguistique canine ?
Spoiler : tous les chiens ne sont pas des Shakespeare poilus. Mais avec de la motivation, du jeu et une bonne dose de complicité, ils peuvent nous surprendre. Et comme toujours, on a demandé à la crème de la crème pour nous éclairer : Sarah Jeannin, docteure en éthologie et grande décodeuse de cerveaux canins.
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Le cas Chaser, aka la Einstein des croquettes
Impossible de parler vocabulaire canin sans mentionner Chaser, une Border Collie qui a affolé les médias en apprenant 1022 noms de jouets. Oui, MILLE. VINGT. DEUX. Et elle ne faisait pas que rapporter "la balle bleue". Elle savait que "peluche" était une catégorie, que "Teddy" c’était l’ourson en particulier, et que "pose la patte sur Teddy l’ourson" n’était pas un bug du langage, mais une vraie consigne. « À noter que son humain a craqué avant elle ! » nous glisse Sarah Jeannin. On le comprend. Faire mémoriser un dictionnaire à un chien, c’est intense.
Intelligence canine : chacun son talent
Avant de vous précipiter pour acheter 1000 jouets à votre cocker, petit rappel de bon sens (et de science) :
→ Chaser était un Border Collie, une race sélectionnée pour son attention, sa vivacité, et surtout sa réceptivité à la voix humaine.
Tous les chiens n’ont pas les mêmes prédispositions. Et c’est ok !
💬 « Il est absurde de hiérarchiser les races à partir d’une mesure globale de l’intelligence », rappelle Sarah.
Chaque chien a des compétences uniques : certains adorent pister, d’autres préfèrent dormir sur vos chaussons. Le tout, c’est de trouver ce qui le motive.
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Comprendre le mot "compréhension"
Mais alors, ils comprennent vraiment les mots ? Ou juste le ton ? Et bien… les deux ! Les neurosciences sont venues mettre leur truffe dans l’affaire avec des IRM de chiens éveillés (oui oui, pas endormis – bon chien ça). Résultat ?
→ Des zones du cerveau canin réagissent au langage humain, de manière très proche de chez nous.
→ Les chiens sont sensibles à l’intonation et au sens des mots.
Donc un "C’est bien mon bébééééé !" dit avec amour ne vaut pas un "Assis" hurlé façon militaire. Votre voix, c’est votre outil magique.
💬 « Les félicitations prononcées avec une intonation positive activent le système de la récompense dans le cerveau des chiens. » (Andics et al. 2014, 2016). Traduction : ils adorent vos encouragements.
La vraie question : combien de mots pouvez-vous lui apprendre ?
En vrai, peu importe que votre chien sache 15 mots ou 150.
Ce qui compte, c’est le plaisir partagé et la complicité que vous développez ensemble. Apprendre de nouveaux mots, tours, consignes ? Oui. Mais surtout si c’est un jeu, une danse à deux, pas une interro surprise.
Autrement dit
→ Tous les chiens peuvent apprendre des mots, certains plus vite que d’autres.
→ Ce n’est pas une compétition (même si on a tous dit un jour "mon chien est un génie").
→ Le plus important, c’est de créer une équipe soudée : vous, lui, et une balle qui n’a peut-être pas de nom, mais qui a toute votre affection.